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de la coupole nervée que de la voûte en arcs d’ogives (voy. Voûte). Dans la cathédrale de Poitiers viennent se réunir et s’éteindre les anciennes dispositions de plan et de coupe des églises romanes du Poitou, à trois nefs égales de hauteur, et les traditions de la construction des coupoles byzantines.

À partir du milieu du XIIIe siècle, l’architecture ogivale française s’impose dans toutes les provinces réunies à la couronne, et même dans quelques-unes de celles qui ne sont encore que vassales. Excepté en Provence et dans quelques diocèses du Midi, les styles provinciaux s’effacent, et les efforts des évêques tendent à élever des cathédrales dans le style de celles qui faisaient l’orgueil des villes du Nord.

C’est de 1260 à 1275 que nous voyons trois villes importantes du Midi jeter bas leurs cathédrales romanes pour élever des édifices dont la direction fut évidemment confiée à un même architecte du Nord, Clermont en Auvergne, Limoges et Narbonne. Ces trois diocèses commencent leurs, cathédrales, la première en 1268 et la dernière en 1272, sur des plans tellement identiques, qu’il est difficile de ne pas voir, dans ces trois monuments, la main d’un même maître. Peut-être, cependant, la cathédrale de Narbonne, tout en appartenant à la même école que les deux autres, fut-elle élevée par un autre architecte ; mais, quant aux cathédrales de Clermont et de Limoges, non-seulement ce sont les mêmes plans, mais les mêmes profils, les mêmes détails d’ornementation, le même système de construction.

Nous représentons ici (46) le plan de la cathédrale de Clermont, la première en date[1].

La construction de la cathédrale de Clermont fut commencée par le chœur. L’ancienne église romane avait été laissée debout, son abside ne venant guère que jusqu’à l’entrée du chœur nouveau[2]. Le sanctuaire achevé vers la fin du XIIIe siècle, l’église romane fut démolie, sauf la façade occidentale, et on continua l’œuvre pendant les premières années du XIVe siècle. Quatre travées de la nef furent complétées. Le travail, alors suspendu, ne fut plus repris, et on voit encore les restes de la façade du XIe siècle[3]. La partie orientale de la cathédrale de Clermont, entièrement bâtie en lave de Volvic, est admirablement construite, bien que l’on s’aperçoive de l’extrême économie imposée au maître de l’œuvre. Absence d’arcature dans les soubassements des chapelles, sculpture rare, pas de formerets aux voûtes. Ce qui est surtout remarquable, à Clermont comme à Limoges et à Narbonne, c’est la concession faite évidemment aux tradi-

  1. Comme tous les autres plans, celui-ci est à l’échelle de 0,001m pour mètre.
  2. En faisant quelques fouilles, M. Mallay, architecte, a retrouvé exactement le plan de la cathédrale du Xe au XIe siècle, dont les dispositions se rapportaient à celles de toutes les églises romanes d’Auvergne.
  3. Deux tours qui subsistaient encore sur cette façade, mais qui avaient été dénaturées depuis longtemps, ont dû être démolies parce qu’elles menaçaient de s’écrouler.