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chapelle unique dans l’axe ; la crypte de cette église, encore existante aujourd’hui, est, sous ce point de vue, du plus grand intérêt. Nous en donnons ici le plan (32)[1], dépouillé des contreforts extérieurs ajoutés au XIIIe siècle. En comparant ce plan de crypte avec le plan du chœur et du chevet de la cathédrale de Langres, et surtout avec celui de la cathédrale de Sens, il est facile de reconnaître le degré de parenté intime qui lie ces trois édifices, construits à des époques fort différentes ; et on peut conclure, nous le croyons, de cet examen, que les diocèses d’Autun, de Langres, d’Auxerre et de Sens, possédaient, depuis le XIe siècle, certaines dispositions de plan qui leur étaient particulières, et qui furent adoptées dans la partie orientale de la cathédrale de Canterbury.

Nous retrouvons encore les traces de cette école, au XIIIe siècle, à Auxerre même. En 1215, l’évêque Guillaume de Seignelay commença la reconstruction de toute la partie orientale de la cathédrale d’Auxerre ; l’ancienne crypte fut conservée, et c’est sur son périmètre, augmenté seulement de la saillie de quelques contreforts, que s’éleva la nouvelle abside. Sur la petite chapelle absidale de la crypte, on bâtit une seule chapelle carrée dans l’axe, en renforçant par des piliers, à l’extérieur, le petit hémicycle du XIe siècle (fig. 32).

Certes, à cette époque, si l’on n’avait pas regardé cette forme de plan comme consacrée par l’usage, même en conservant la crypte, on aurait pu, comme à Chartres, s’étendre au dehors de son périmètre, soit pour élever un second bas-côté, soit pour ouvrir un plus grand nombre de chapelles absidales. Le plan du XIe siècle fut conservé, et le chœur de la cathédrale auxerroise du XIIIe siècle respecta sa forme traditionnelle. Cependant la construction du chœur de Saint-Étienne d’Auxerre fut assez longue à terminer.

Guillaume de Seignelay, en prenant possession du siège épiscopal de Paris, en 1220, laissa des sommes assez importantes pour continuer l’œuvre ; son successeur, Henri de Villeneuve, qui mourut en 1234, paraît avoir achevé l’entreprise ; c’est l’opinion de l’abbé Lebeuf[2], opinion qui se trouve d’accord avec le style de cette partie de la cathédrale. Quant aux transsepts et à la nef de l’église Saint-Étienne d’Auxerre, commencés vers la fin du XIIIe siècle, on ne les acheva que pendant les XIVe et XVe siè-

  1. À l’échelle de 0,001m pour mètre.
  2. Mém. concern. l’hist. civ. et eccl. d’Auxerre, par l’abbé Lebeuf, 1848, t. I, p. 402 et suiv. Pour les dispositions intérieures de l’édifice du XIIIe siècle, voyez au mot Construction. Ces dispositions appartiennent franchement à l’école bourguignonne.