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comprise entre les axes des piles extérieures des bas-côtés, du moment que la portion du cercle absidal sera divisée en sept parties.

Nous avons vu, dans le plan de l’abside de la cathédrale de Chartres (fig. 12), que les chapelles sont mal plantées ; les arcs-boutants ne sont pas placés sur le prolongement de la ligne de projection horizontale des arcs rayonnants du sanctuaire ; que l’on trouve encore là les suites d’une hésitation, des tâtonnements. Rien de pareil à Amiens et à Beauvais ; la position des arcs-boutants venant porter sur les massifs entre les chapelles rayonnantes est parfaitement indiquée par le prolongement des rayons tendant au centre de l’abside. À Amiens, à Beauvais, on ne rencontre aucune irrégularité dans la plantation des constructions absidales.

L’architecte de la cathédrale de Beauvais avait voulu surpasser l’œuvre des successeurs de Robert de Luzarches. Non-seulement (fig. 22) il avait tenté de donner plus de largeur au sanctuaire de son église, mais il avait pensé pouvoir donner aussi une plus grande ouverture aux arcades parallèles du chœur, en n’élevant que trois travées au lieu de quatre entre le rond-point et la croisée. Aux angles des transsepts, il projetait certainement quatre tours, sans compter la tour centrale qui fut bâtie. Ses chapelles absidales, moins grandes que celles d’Amiens et moins élevées, laissèrent, entre leurs voûtes et celles des bas-côtés, régner un triforium avec fenêtres au-dessus[1]. En élévation, il donna plus de hauteur à ses constructions centrales, et surtout plus de légèreté. Ses efforts ne furent pas couronnés de succès ; la construction du chœur était à peine achevée avec les quatre piles de la croisée et la tour centrale, que cette construction, trop légère, et dont l’exécution était d’ailleurs négligée, s’écroula en partie. À la fin du XIIIe siècle, des piles durent être intercalées entre les piles des trois travées du chœur (fig. 22) en A, en B et en C (voy. Construction).

Une sacristie fut élevée en D comme à Amiens, et ce ne fut qu’au commencement du XVIe siècle que l’on put songer à terminer ce grand monument. Toutefois, ces dernières constructions ne purent s’étendre au delà des transsepts, ainsi que l’indique notre plan ; les guerres religieuses arrêtèrent à tout jamais leur achèvement[2].

La cathédrale d’Amiens et celle de Beauvais produisirent un troisième édifice, dans l’exécution duquel on profita avec succès des efforts tentés, par les architectes de ces deux monuments ; nous voulons parler de la cathédrale de Cologne. Nous avons vu que le chœur de la cathédrale d’Amiens avait dû être commencé de 1235 à 1240 ; celui de la cathédrale de Beauvais fut fondé en 1225 ; mais nous devons avouer que nous ne voyons, dans les parties moyennes de cet édifice, rien qui puisse être antérieur à 1240 ; cependant, en 1272, ce chœur était achevé, puisqu’on s’occupait déjà, à cette époque, de relever les voûtes écroulées. En 1248,

  1. Voy. Arc-boutant, fig. 61.
  2. Dans notre plan fig. 22, la teinte grise indique les constructions du XVIe siècle, et le trait le projet de la nef qui ne fut jamais mis à exécution.