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en protégeant leurs faces par des feux croisés, en augmentant et masquant leurs flancs pour enfiler les fossés, on cherchait encore, à la fin du XVIe siècle, à les isoler du corps de la place dans le cas où ils tomberaient au pouvoir de l’ennemi.

Dans le traité de fortification de Girolamo Maggi et du capitaine Jacomo Castriotto, ingénieur au service du roi de France[1], on voit des boulevards très-étroits à la gorge, et pouvant être facilement remparés ; d’autres sont, au contraire, fort larges à la gorge, mais celle-ci est casematée, et la galerie inférieure, étant détruite au moyen de fourneaux, forme un fossé entre le boulevard et le corps de la place. Voici le plan (13) de ces ouvrages qui méritent d’être mentionnés. Girolamo Maggi dit[2] qu’un boulevard de ce genre avait été construit en 1550 près la porte Liviana, à Padoue, par San Michele de Vérone. Ce boulevard était entièrement isolé par une galerie casematée inférieure A au niveau du fossé, pouvant servir au besoin de logement pour la troupe et de magasins. Dans les piles de cette galerie étaient ménagées des excavations propres à recevoir des fourneaux ; si les faces du boulevard tombaient au pouvoir de l’ennemi, on mettait le feu à ces fourneaux, et l’ouvrage avancé se trouvait tout à coup isolé des courtines B par un fossé impraticable. Pour la défense des fossés, des pièces d’artillerie étaient placées en C aux deux extrémités de la galerie et masquées par les épaules D. Il faut

  1. Della fortif. delle Città, di M. Girol. Maggi, et del capit. Jac. Castriotto, 1583. In Venetia.
  2. Lib. II, p. 59.