Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[aut]
— 19 —

autel de l’église Saint-Sernin de Toulouse retrouvée depuis quelques années dans l’une des chapelles, et conservée dans cette église, était également entourée d’une riche bordure d’ornements et creusée ; cette table paraît appartenir à la première moitié du XIIe siècle. Il semble que ces tables aient été creusées et percées de trous afin de pouvoir être lavées sans crainte de répandre à terre l’eau qui pouvait entraîner des parcelles des Saintes espèces.

Voici (3) la figure de l’autel de la tribune de l’église de Montréal près Avallon, dont la table portée sur une seule colonne est ainsi creusée et percée d’un petit orifice[1]. « Le grand autel de la cathédrale de Lyon, dit le sieur de Moléon, dans ses Voyages liturgiques[2], est ceint d’une balustrade de cuivre assez légère, haute de deux pieds environ, et elle finit au niveau du derrière de l’autel qui est large environ de cinq pieds. L’autel, dont la table de marbre est un peu creusée par-dessus, est fort simple, orné seulement d’un parement par devant et d’un autre au retable d’au-dessus. Sur ce retable sont deux croix aux deux côtés ; Scaliger dit qu’il n’y en avait point de son temps. »

Guillaume Durand, dans son Rational, que l’on ne saurait trop lire et méditer lorsqu’on veut connaître le moyen âge catholique[3], s’étend longuement sur l’autel et la signification des diverses parties qui le composent. « L’autel, dit-il d’après les Écritures, avait beaucoup de parties, à savoir la haute et la basse, l’intérieure et l’extérieure… Le haut de l’autel c’est Dieu-Trinité, c’est aussi l’Église triomphante… Le bas de l’autel c’est l’Église militante ; c’est encore la table du temple, dont il est dit : « Passez les jours de fêtes dans de saints repas, assis et pressés à ma table près du coin de l’autel… » L’intérieur de l’autel c’est la pureté du cœur….

    abbas edificavit hanc domum, et jussit dedicare in honore sancte Trinitatis, id est patris, et filii, et spiritus sancti. Deo gratias. » Dans la longueur, on lit cette autre inscription : « Amelius nutu dei vicecomes. » En cercle sont gravées les inscriptions suivantes : autour de la tête de lion (saint Marc) : « Vox per deserta frendens leo cujus imaginem Marcus tenet. » Autour de la tête de l’aigle (saint Jean) : « More volatur aquila ad astra cujus figuram Johannes tenet. » Autour de la tête du veau (saint Luc) : « Rile mactatur taorus ad aram cujus tipum Lucas tenet. » Autour de la tête de l’ange (saint Mathieu) : « Speciem tenet et naturam Matheus ut homo. » (t. III, p. 495)

  1. Cet autel date de la deuxième moitié du XIIe siècle.
  2. Page 44.
  3. Rational, chap. II. Guillaume Durand, évêque de Mende, mourut à la fin du XIIIe siècle. Trad. par M. C. Barthélemy ; Paris, 1854.