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quelle que soit leur essence, produisant peu ou point de vers, de mouches, ne peuvent servir de logis aux araignées.

Quant aux bois employés dans les planchers et pans de bois pendant le moyen âge, ils n’étaient jamais enfermés, comme ils le sont aujourd’hui, entre des enduits ; deux de leurs faces au moins restaient toujours à l’air libre ; or cette condition est nécessaire à leur conservation. Les planchers se composaient d’une série de poutrelles ou solives apparentes recouvertes d’une aire, sur laquelle on posait le carrelage ; les pans de bois laissaient voir leurs deux faces intérieure et extérieure. Dans cette situation, la durée des bois est illimitée, tandis qu’ils s’échauffent, fermentent et se pourrissent avec rapidité, lorsqu’ils sont complètement enfermés. Tous les jours nous voyons des planchers qui n’ont pas plus de vingt et trente ans d’âge, dont les solives sont totalement pourries. On objectera que ces planchers ont été exécutés avec des bois verts ; cela est possible. Mais nous avons vu des poutres de planchers restées apparentes pendant deux ou trois siècles en parfait état, se pourrir en quelques années lorsqu’on les avait enfermées dans des enduits ; ce n’est donc pas seulement à la verdeur des bois qu’il faut attribuer leur décomposition lorsqu’ils sont enfermés, mais au défaut d’air qui produit leur fermentation.

On a cru, surtout depuis le XVIIe siècle, que plus les bois étaient gros et mieux ils résistaient à la destruction ; c’est là une erreur que ne partageaient pas les charpentiers du moyen âge. Nous l’avons dit déjà : les bois qu’ils employaient généralement dans les charpentes n’étaient pas d’un très-fort équarrissage ; ils tenaient plus à leur qualité, à l’égalité de leur tissu, à leur longueur et rectitude naturelles, qu’à la grosseur du diamètre des pièces. Le bois de chêne ne devient très-gros qu’après cent cinquante ou deux cents ans d’âge ; alors le cœur tend à se décomposer, et c’est par le cœur que commence la pourriture si dangereuse des gros bois. Nous renvoyons nos lecteurs à l’article Charpente, dans lequel nous démontrons, par des exemples, que si les charpentiers du moyen âge choisissaient les bois de construction avec grand soin, ils n’étaient pas moins scrupuleux dans la manière de les tailler, de les monter et les poser.

BOISERIE, s. f. (voy. Menuiserie).

BOSSAGE, s. m. C’est le nom que l’on donne au parement saillant brut d’une pierre, dont les arêtes seulement sont relevées par une ciselure, ainsi que le démontre la fig. 1. Dans des constructions de pierre de taille que l’on veut élever rapidement, en n’employant que la main-d’œuvre rigoureusement nécessaire pour permettre de poser les assises sans perte de temps, on s’est quelquefois contenté de tailler les lits, joints et les arêtes des pierres, sans se préoccuper de parementer les surfaces com-