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L’absence des bénitiers d’une époque ancienne dans nos églises n’aurait pas lieu de surprendre, s’il était constaté qu’ils eussent été généralement exécutés en bronze. En effet, les bénitiers en pierre, que nous trouvons tenant à des monuments des XIIe et XIIIe siècles, sont d’une extrême simplicité, et nous ne les rencontrons que dans des églises pauvres. On peut donc supposer avec assez de raison que les bénitiers des églises riches, étant en bronze, ont été volés, détruits et fondus à l’époque des guerres religieuses. Dans les petites églises du Soissonnais, de l’Oise, construites à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe, il existe un grand nombre de bénitiers taillés comme l’indique la fig. 1 bis.[1].

Mais les architectes du XIIIe siècle aimaient à faire tenir aux édifices tous les accessoires nécessaires ; ils étaient portés à prévoir, dans la construction, des objets qui jusqu’alors avaient été regardés comme des meubles ; ils durent disposer des bénitiers faisant partie de l’édifice, près des portes, de même qu’ils accusaient franchement les piscines, les crédences. Ces accessoires devenaient pour eux autant de motifs de décoration. Près de la porte méridionale de l’église de Villeneuve-le-Roi, on voit encore un bénitier

    formes indiquées par la gravure, de rapprocher notre dessin du style du XIIe siècle, la gravure étant complètement dépourvue de caractère.

  1. Ce bénitier provient de l’église de Saint-Jean-aux-Bois, près Compiègne.