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revêtue. La fig. 11 donne l’élévation extérieure de la moitié de ce bastion.


On remarquera les grands arcs de décharge qui accusent les embrasures et reportent tout le poids du mur extérieur sur les têtes des murs convergents. Cette élévation fait également voir les trous des évents et cheminées, les mantelets de bois des embrasures supérieures et les courtines de la ville, dont les chemins de ronde sont couverts par un appentis continu. C’est là une fort belle construction, et ce qu’on peut lui reprocher, c’est l’énorme dépense qu’elle exigerait. Il semble qu’Albert Durer ait attaché une grande importance aux fossés ; il les fait très-larges et profonds, et les défend souvent par de petits bastions circulaires isolés, comme nos ravelins modernes. Il laisse ces petits ouvrages au-dessous du niveau de la crête de la contrescarpe, et ne les considère que comme des défenses propres à battre un ennemi débouchant par un boyau de tranchée au niveau du fond du fossé, et se disposant à le passer pour attacher le mineur au pied des murailles, ou pour les escalader au moyen d’échelles. Dans le chapitre de son œuvre intitulé : Antiquæ civitatis muniendæ ratio, où il explique comment on doit renforcer par des défenses extérieures une ville dont on veut conserver l’ancienne enceinte munie de tours, il construit de ces petits bastions isolés au fond des fossés (12)[1].

  1. Voici le passage indiquant l’utilité de ces ouvrages… « Inter hæc deinde propugnacula ad fossæ alia passim construentur rotunda, quæ et ipsa humilia et sursum versus non nihil fastigiata, tecti rationem à superioribus non absimilem sortiantur. In hæc nimirum propugnacula seu fossæ stationes secretiora itinera quasi diffugia agentur, quæ aditus reditusque clancularios præstent. Est enim hoc genus munitionum non modo utile, sed necessarium quoque, cum hostis in fossam provolutus,