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clef à l’intersection de deux arcs qui viennent buter l’un contre l’autre à leur sommet, et l’ogive n’est pas autre chose.

La dernière expression du principe que nous avons émis plus haut se rencontre dans les édifices du XIVe siècle. L’appareil des membres de la construction qui portent verticalement diffère essentiellement de l’appareil des constructions qui buttent ou qui contribuent à la décoration. L’église de Saint-Urbain de Troyes nous donne un exemple très-remarquable de l’application de ce principe dans toute sa rigueur logique. La construction de cette église ne se compose réellement que de contre-forts et de voûtes ; les contre-forts sont élevés par assises basses posées sur leurs lits ; quant aux arcs-boutants, ce ne sont que des étais de pierre et non point des arcs composés de claveaux ; les intervalles entre les contre-forts ne sont que des claires-voies en pierre comme de grands châssis posés en rainure entre ces contre-forts ; les chéneaux sont des dalles portant sur la tête des contre-forts et soulagés dans leur portée par des liens en pierre formant des pignons à jour, comme seraient des liens de bois sous un poitrail ; les décorations qui ornent les faces de ces contre-forts ne sont que des placages en pierre de champ posée en délit et reliée au corps de la construction de distance en distance, par des assises qui font partie de cette construction.

Les murs des bas côtés ne sont que des cloisons percées de fenêtres carrées à meneaux, éloignées des formerets des voûtes. Les arêtes (arcs ogives) des voûtes des porches se composent de dalles de champ qui reçoivent sur un repos les triangles de ces voûtes, et, s’élevant au-dessus d’eux, sont taillées de manière à porter le dallage de la couverture comme le feraient les arêtiers d’une charpente. Il semble que l’architecte de ce charmant édifice ait