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fossés au moyen des pièces masquées derrière les orillons, mais ne se défendaient que sur la face, ne résistaient pas à des feux obliques et surtout ne se protégeaient pas les uns les autres ;

en effet (71) leurs feux ne pouvaient causer aucun dommage à une batterie de brèche dressée en A qui ne se trouvait battue que par la courtine. On était encore tellement préoccupé de la défense rapprochée et de donner à chaque partie de la fortification une force qui lui fût propre (et c’était un reste de l’architecture militaire féodale du moyen âge, où chaque ouvrage, comme nous l’avons démontré, se défendait par lui-même et s’isolait) que l’on regardait comme nécessaire les fronts droits C D qui devaient détruire les batteries placées en B, réservant seulement les feux E enfilant le fossé pour le moment où l’ennemi tentait de passer le fossé et de livrer l’assaut par une brèche faite en G. Ce dernier vestige des traditions du moyen âge ne tarda pas à s’effacer, et dès le milieu du XVIe siècle on adopta généralement une forme de bastions qui donna à la fortification des places une force égale à l’attaque, jusqu’au moment où l’artillerie de siége acquit une puissance irrésistible.

Il semblerait que les ingénieurs italiens qui à la fin du XVe siècle étaient si peu avancés dans l’art de la fortification, ainsi que le témoigne Machiavel, eussent acquis une certaine supériorité sur nous à la suite des guerres des dernières années de ce siècle et du commencement du XVIe. De 1525 à