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trouvait son intérêt du moment. Mais les corporations des bonnes villes qui ne savaient pas se battre à l’époque de la conquête d’Édouard III, s’étaient aguerries ; plus disciplinées, plus braves et mieux armées, elles présentaient déjà à la fin du XIVe siècle des troupes assez solides pour qu’on pût leur confier la garde de postes importants[1]. Vers le milieu de ce siècle on avait déjà fait emploi de bouches à feu, soit dans les batailles rangées soit dans les sièges[2]. Ce nouveau moyen de destruction devait changer et changea

  1. C’est surtout pendant le XIVe siècle que s’organisèrent d’une manière régulière les corporations d’arbalétriers et d’archers dans les villes du nord. Par une ordonnance datée du mois d’août 1367, Charles V institue une connétablie ou compagnie d’arbalétriers dans la ville de Laon. Le roi nomma pour trois ans Michauld de Laval connétable de cette compagnie. « Dans la suite, dit l’article 1er de cette ordonnance, les arbalestriers esliront de trois en trois ans un connestable à la pluralité des voix. Michauld de Laval, avec le conseil des cinq ou six des plus experts au jeu de l’arbaleste, choisira les vingt-cinq arbalestriers qui doivent composer la compagnie. Les arbalestriers obéiront au connestable, dans ce qui reguarde leurs fonctions, sous poine d’une amende de six sols. »
    L’article 2 porte : « Le roi retient ces arbalestriers à son service, et il les met sous sa sauve-garde. » — Suivent des articles qui établissent certains priviléges en faveur de la compagnie, tels que l’exemption de tous impôts et tailles, à l’exception « de l’aide establie pour la rançon du roi Jean. »

    Le même roi institue une compagnie de vingt arbalétriers à Compiègne.

    En 1359 est organisée à Paris la corporation des arbalétriers au nombre de deux cents ; par une ordonnance datée du 6 novembre 1373, Charles V fixe ce nombre à huit cents. Ces arbalétriers qui appartenaient à la classe bourgeoise et ne faisaient pas leur métier des armes, ne pouvaient quitter leur corporation pour servir dans l’armée ou ailleurs, sans l’autorisation du prévost de Paris et du prévost des marchands. Lorsque ces magistrats menaient les arbalétriers faire un service hors la banlieue de Paris, hommes et chevaux (car il y avait arbalétriers à cheval et à pied) étaient nourris ; chaque homme recevait en outre trois sols par jour, leur connétable touchait cinq sols aussi par jour : le tout aux frais de la ville.

    Par lettres patentes du 12 juin 1411, Charles VI ordonna qu’une confrérie d’archers, composée de cent vingt hommes, serait établie à Paris ; que ces cent vingt archers seraient choisis parmi les autres archers qui existaient déjà ; que cette confrérie serait spécialement chargée de garder la personne du roi et de la défense de la ville de Paris…

    Charles VII, par lettres patentes du 22 avril 1448, institua les francs-archers pour servir en temps de guerre. Pour la formation de ce corps privilégié on choisit dans chaque paroisse des hommes robustes et adroits, et parmi les habitants aisés, parce que ces francs-archers étaient obligés de s’équiper à leurs frais ou, à défaut, aux dépens de la paroisse. Le chiffre du contingent était à peu près d’un homme par cinquante feux. (Recherches hist. sur les corpor. des archers, des arbalétriers et des arquebusiers, par Victor Fouque, 1852, Paris.)

  2. L’armée anglaise avait du canon à la bataille de Crécy. Dès 1326, la ville de Florence faisait faire des canons de fer et de métal. (Bibl. de l’école des Chartes, t. VI, p. 50.) En 1339, deux chevaliers, les sires de Cardilhac et de Bieule, reçoivent du maître des arbalétriers de la ville de Cambrai « dis canons, chinq de fer et chinq de métal » (probablement de fer forgé et de métal fondu), « liquel sont tout fait don commandement dondit maistre des arbalestriers par nostre main et par nos gens, et qui sont