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et une saillie sur le nu des murs qui permît d’ouvrir des mâchicoulis d’une bonne dimension, il fallut bientôt modifier tout le système de la construction des parties supérieures des défenses.


Au moyen des hourds de bois non-seulement on ajoutait au chemin de ronde en maçonnerie fixe A (32) une coursière B percée de mâchicoulis en C et d’archères en D, mais on augmentait encore souvent la largeur des chemins de ronde, soit en faisant déborder les hourds à l’intérieur de la ville en E, soit en ajoutant au chemin de ronde des planchers de bois F dont les solives entraient dans des trous ménagés de distance en distance sous la tablette du boulevard, et étaient supportées par des poteaux G. Ces suppléments de défenses étaient ordinairement réservés pour les courtines qui paraissaient faibles, et dont les approches étaient faciles[1]. Les hourds avaient l’avantage de laisser subsister le parapet de pierre H, et de conserver encore une défense debout derrière eux, lorsqu’ils étaient brisés ou brûlés. On obtenait difficilement avec les bretèches et mâchicoulis de pierre ces grands espaces et ces divisions utiles à la défense ; voici comme on procédait pour les courtines que l’on tenait à bien munir (33). On posait des corbeaux les uns sur les autres formant encorbellements espacés environ de 0m,70 à 1m,20 au plus d’axe en axe. Sur l’extrémité de ces corbeaux on élevait un parapet crénelé B de 0m,33 à 0m,40 en pierre, et de 2 mètres de haut. Pour maintenir la bascule des corbeaux en C, on montait un mur percé de portes et d’ouvertures carrées de distance en distance, et qui était assez haut pour donner à la couverture D l’inclinaison convenable. Derrière le mur C on établissait des coursières de bois L, qui remplaçaient les chemins E des hourds

  1. À Carcassonne du côté du midi les remparts de la seconde enceinte étaient munis de ces ouvrages de bois en temps de guerre, les traces en sont parfaitement conservées de la porte Narbonnaise à la tour du coin à l’ouest (voy fig. 11).