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ces angles saillants dans les places bien fortifiées, et lorsqu’ils existaient, c’est qu’ils avaient été imposés par la configuration du terrain, afin de dominer un escarpement, de commander une route ou une rivière, et pour empêcher l’ennemi de s’établir de plain-pied au niveau de la base des remparts.

Jusqu’au XIVe siècle les portes étaient munies de vantaux bien doublés, de herses, de mâchicoulis, de bretèches à doubles et triples étages, mais elles ne possédaient pas de ponts-levis. Dans les châteaux, souvent des ponts volants en bois, qu’on enlevait en cas de siége, interceptaient complètement les communications avec le dehors ; mais dans les enceintes des villes, des barrières palissadées ou des barbacanes défendaient les approches ; du reste, une fois la barrière prise, on entrait ordinairement dans la ville de plain-pied.

Ce ne fut guère qu’au commencement du XIVe siècle que l’on commença d’établir à l’entrée des ponts jetés sur les fossés, devant les portes, des ponts-levis en bois tenant aux barrières (27), ou à des ouvrages avancés en maçonnerie (28)[1]. Puis bientôt, vers le milieu du XIVe siècle, on appliqua le pont-levis aux portes elles-mêmes, ainsi qu’on peut le voir au fort de Vincennes, entre autres exemples (voy. Pont-levis). Cependant, nous devons dire que dans beaucoup de cas, même pendant les XIVe et XVe siècles, les ponts-levis furent seulement attachés aux ouvrages avancés. Ces ponts-levis étaient disposés comme ceux généralement employés aujourd’hui, c’est-à-dire, composés d’un tablier en charpente qui se relevait sur un axe, au moyen de deux chaînes, de leviers et de contre-poids ; en se relevant, le tablier fermait (comme il ferme encore dans nos forteresses) l’entrée du passage. Mais on employait pendant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles,

  1. Entrée du château de Montargis du côté de la route de Paris à Orléans. (Ducerceau, Chateaux royaux de France.)