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que nous venons d’en faire avec le plan (fig. 12) ; il est facile de retrouver la position de chaque partie de la défense. Nous avons supposé les fortifications armées en guerre, et munies de leurs défenses de bois, bretèches, hourds, et de leurs palissades avancées.

Mais il est nécessaire, avant d’aller plus avant, de bien faire connaître ce que c’étaient que ces hourds, et les motifs qui les avaient fait adopter dès le XIIe siècle.

On avait reconnu le danger des défenses de bois au ras du sol, l’assaillant y mettait facilement le feu ; et du temps de saint Louis on remplaçait déjà les lices et barbacanes de bois si fréquemment employées dans le siècle précédent, par des enceintes extérieures et des barbacanes en maçonnerie. Cependant on ne renonçait pas aux défenses de charpentes, on se contentait de les placer assez haut pour rendre leur combustion par des projectiles incendiaires difficile sinon impossible. Alors comme aujourd’hui (et les fortifications de la cité de Carcassonne nous en donnent un exemple), lorsqu’on voulait de bonnes défenses, on avait le soin de conserver partout au-dessus du sol servant d’assiette au pied des murs et tours, un minimum de hauteur, afin de les mettre également à l’abri des escalades sur tout leur développement. Ce minimum de hauteur n’est pas le même pour les deux enceintes extérieure et intérieure, les courtines de la première défense sont maintenues à 10 mètres environ du fond du fossé ou de la crête de l’escarpement au sol des hourds, tandis que les courtines de la seconde enceinte ont, du sol des lices au sol des hourds, 14 mètres au moins. Le terrain servant d’assiette aux deux enceintes n’étant pas sur un plan horizontal, mais présentant des différences de niveau considérable, les remparts se conforment aux mouvements du sol, et les hourds suivent l’inclinaison du chemin de ronde (voy. Courtine). Il y avait donc alors des données, des règles, des formules pour l’architecture militaire, comme il en existait pour l’architecture religieuse ou civile. La suite de cet article le prouvera, nous le croyons, surabondamment.

Avec le système de créneaux et d’archères ou meurtrières pratiquées dans les parapets en pierre, on ne pouvait empêcher des assaillants nombreux et hardis protégés par des chats recouverts de peaux ou de matelas, de saper le pied des tours ou courtines, puisque par les meurtrières, malgré l’inclinaison de leur coupe, il est impossible de voir le pied des fortifications, et par les créneaux, à moins de sortir la moitié du corps, on ne pouvait non plus viser un objet placé en bas de la muraille. Il fallait donc établir des galeries saillantes, bien munies de défenses, et permettant à un grand nombre d’assiégés de battre le pied des murailles ou des tours par une grêle de pierres et de projectiles de toute nature. Soit (14) une courtine couronnée de créneaux et d’archères, l’homme placé en A ne peut voir le pionnier B qu’à la condition d’avancer la tête en dehors des créneaux, mais alors il se démasque complètement, et toutes fois que des pionniers étaient attachés au pied d’une muraille on avait le soin de protéger leur travail en envoyant des volées de flèches ou de carreaux aux parapets lorsque les