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autrement que par des enceintes flanquées de tours ; c’était la méthode romaine ; mais alors le sol était déjà couvert de châteaux, et l’on savait par expérience qu’un château se défendait mieux qu’une ville. En effet, aujourd’hui un des principes les plus vulgaires de la fortification consiste à opposer le plus grand front possible à l’ennemi, parce que le plus grand front exige une plus grande enveloppe, et oblige les assiégeants à exécuter des travaux plus considérables et plus longs ; mais lorsqu’il fallait battre les murailles de près, lorsqu’on n’employait pour détruire les ouvrages des assiégés que la sape, le bélier, la mine ou des engins dont la portée était courte,

lorsqu’on ne pouvait donner l’assaut qu’au moyen de ces tours de bois, ou par escalade, ou encore par des brèches mal faites et d’un accès difficile, plus la garnison était resserrée dans un espace étroit, et plus elle avait de force, car l’assiégeant, si nombreux qu’il fût, obligé d’en venir aux mains, ne pouvait avoir sur un point donné qu’une force égale tout au plus à celle que lui opposait l’assiégé. Au contraire, les enceintes très étendues pouvant être attaquées brusquement par une nombreuse armée, sur plusieurs points à la fois, divisaient les forces des assiégés, exigeaient