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dans les églises de Notre-Dame de Paris et de Mantes (voy. Tour, Flèche, Clocher).

À l’est de la France, sur les bords du Rhin, là où l’architecture carlovingienne laissait des monuments d’une grande importance, pendant les XIe et XIIe siècles, des églises avaient été élevées suivant un mode particulier comme plan et comme système de construction. Plusieurs de ces monuments religieux possédaient deux absides en regard, l’une à l’est, l’autre à l’ouest. C’était là une disposition fort ancienne dont nous trouvons des traces dans l’Histoire de Grégoire de Tours[1]. Comme pour appuyer le texte de cet auteur, nous voyons encore à la cathédrale de Nevers une abside et un transsept du côté de l’est qui datent du XIe siècle ; le sol de cette abside est relevé sur une crypte ou confession. L’auteur du plan de l’abbaye de Saint-Gall (voy. Architecture Monastique), dans le curieux dessin du IXe siècle parvenu jusqu’à nous, trace une grande et une petite église, chacune avec deux absides, l’une du côté de l’entrée, l’autre pour le sanctuaire. Sur le territoire carlovingien par excellence, les cathédrales de Trêves et de Mayence, l’église abbatiale de Laach (XIe, XIIe et XIIIe siècles) entre autres, possèdent des absides à l’occident comme à l’orient.

Les cathédrales de Besançon et de Verdun présentaient des dispositions pareilles, modifiées aujourd’hui, mais dont la trace est parfaitement visible ; cette dernière cathédrale même se trouve avoir deux transsepts en avant de ses absides, et quatre tours plantées dans les angles rentrants formés par les transsepts accompagnaient les deux ronds-points. Des escaliers à vis, d’une grande importance, flanquaient les deux tours du côté de l’ouest ; ce parti se trouve plus franchement accusé encore dans l’église cathédrale de Mayence, dans l’église abbatiale de Laach, et est indiqué déjà dans le plan de l’abbaye de Saint-Gall. Lorsque l’on visite la cathédrale de Strasbourg on est frappé de l’analogie des constructions du chœur avec celles des cathédrales de Mayence et de Spire, et il y a lieu de croire qu’au XIIe siècle Notre-Dame de Strasbourg possédait ses deux absides comme la plupart des grandes églises rhénanes. Voici (39) le plan

  1. Liv. II. Grégoire de Tours, en parlant de l’église bâtie à Clermont par saint Numatius, dit : « au-devant est une abside de forme ronde, » inante absidem rotundam habens ; On peut entendre, « une abside du côté de l’entrée, » ce qui n’excluait pas l’abside du sanctuaire. Grég. de Tours, vol. I, p. 180 ; édit. Renonard, 1836.