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rente, ainsi que l’indique la figure (13), où ils eurent l’idée d’élever des berceaux sur les murs des nefs, au-dessus des fenêtres supérieures.

Ce second parti (19) ne pouvait être durable ; les grandes voûtes A, n’étant point contre-buttées, durent s’écrouler peu de temps après leur décintrage ; on plaçait des contre-forts extérieurs en B, mais ces contre-forts ne pouvaient maintenir la poussée continue des berceaux que sur certains points isolés, puis ils portaient à faux sur les reins des arcs-doubleaux C, les déformaient en disloquant ainsi tout l’ensemble de la bâtisse. Pour diminuer la puissance de poussée des berceaux, on eut l’idée, vers le commencement du XIIe siècle, dans quelques localités, de les cintrer suivant une courbe brisée ou en tiers-point, en les renforçant (comme dans la nef de la cathédrale d’Autun) au droit des piles par des arcs-doubleaux saillants, maintenus par des contre-forts (20). Il y avait là une amélioration, mais ce mode n’en était pas moins vicieux ; et la plupart des églises bâties suivant ce principe se sont écroulées quand elles n’ont pas été consolidées par des arcs-boutants un siècle environ après leur construction. C’est alors que les Clunisiens reconstruisaient la plupart de leurs établissements ; de 1089 à 1140 environ, la grande église de Cluny, la nef de l’abbaye de Vézelay sont élevées ; nous nous occuperons plus particulièrement de ce dernier monument religieux, encore debout aujourd’hui, tandis qu’une rue et des jardins ont remplacé l’admirable édifice de saint Hugues et de Pierre le Vénérable (voy. Architecture Monastique).

À Vézelay, l’architecture religieuse allait faire un grand pas ; sans abandonner le plein cintre, les constructeurs établirent des voûtes d’arêtes sur la nef principale aussi bien que sur les bas côtés ; seulement pour faire