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CHAPITRE V


M. PAUL SUIT UN COURS DE CONSTRUCTION PRATIQUE.

Cependant, les lettres, les journaux apportaient chaque matin les plus tristes nouvelles. Depuis huit jours le territoire était envahi par l’ennemi. Bâtir n’était guère de saison : M. de Gandelau voyait entrer à chaque instant, dans son cabinet, des paysans qui venaient lui faire part de leurs craintes et chercher des conseils. Les jeunes gars étaient appelés pour être incorporés dans la mobile. Les usines du voisinage se fermaient faute de bras. On rencontrait sur les chemins des groupes de paysans et de paysannes qui, contrairement aux habitudes paisibles de cette province, parlaient avec animation ; quelques-unes de ces femmes pleuraient. Les travaux des champs étaient suspendus ; on sentait partout comme un frémissement douloureux ; on voyait dans les chaumières des lumières à une heure avancée de la nuit ; on entendait des voix qui s’appelaient. Les bestiaux rentraient plus tôt que d’habitude et sortaient tard le matin. Sur les chemins, dès que deux hommes se rencor