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En France nous n’avons, Dieu merci, rien à regretter sous ce rapport ; en tous temps il s’est trouvé parmi nous assez de causeurs, de chanteurs, de conteurs, de frondeurs et de babillards assez osés pour soulever tous les secrets de la vie publique et de l’existence privée. Ceux qui fredonnaient ou contaient ainsi tout ce qui se passait sous leurs yeux ne se sont pas toujours douté du service qu’ils allaient rendre, non-seulement aux esprits légers, mais aux esprits curieux des revers de médailles, aux intelligences en quête de la vérité qui se cache si souvent sous les oripeaux de l’histoire ; s’ils avaient su ce qu’ils nous préparaient, peut-être auraient-ils voulu faire mieux, peut-être eussent-ils gâté leurs œuvres, en posant devant la postérité.

Cet héritage mélangé de nos joyeux humoristes est bien comme il est, dans sa forme spontanée et souvent inattendue. C’est à nous bibliophiles de payer à ces fantaisistes d’autrefois les bons renseignements qu’ils nous apportent et les gais moments qu’ils nous ont fait passer. Viollet-Leduc l’avait compris, quand il a commencé à les mettre en lumière, et à faire connaître toutes les faces de leurs œuvres, si légères qu’elles paraissent au premier abord. Espérons que son exemple sera suivi.


ANTONY MÉRAY.