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ployée dans ses autres ouvrages. » Le fait est que, licence à part, les épigrammes de Rousseau l’emportent de beaucoup sur le reste de son fatras poétique dont on ne tient plus grand compte aujourd’hui.

La première série de ce volume contient les chansons. La récolte de Viollet-Leduc dans ce champ vraiment national commence à l’aurore de notre langue et se poursuit jusqu’à nos jours ; de Raoul de Coucy à Béranger la période est longue et bien remplie. Pour faire apprécier à sa valeur ce consciencieux travail, quelques-unes des citations qui accompagnent les notes critiques ne seront pas inutiles. Dans la notice explicative des Mémoires historiques sur Raoul de Coucy, le savant bibliophile, après avoir démontré que le fils du célèbre Enguerrand est bien l’auteur des chansons authentiques contenues dans cet ouvrage, nous offre avec raison comme modèle de grâce et de délicatesse, la fraîche strophe que voici :

Li nouviau tems, et mai et violette
Et rossignoz mi semont de chanter.
Et mes fins cueurs me fais d’une amourette
Si doux présent, que ne l’os refuser.
Or me dont dex en tele honor monter
Que cele où j’ai mon cueur et mon penser
Tienne une fois entre les bras muette,
Ainz que j’aille outre-mer.

Plus loin à l’article des Odes ou chansons spirituelles de Claude Hopil, l’ingénieux critique détache au profit de son lecteur ce brûlant couplet spirituel d’un de ces chants religieux, dont le but mystique lui semble trop facile à confondre avec un but au moins mondain.

J’aime un berger solitaire
Qui m’aime parfaitement ;
Son amour très-salutaire
Me ravit au firmament.
Quand dans l’extase il me baise,
Volant au lieu des élus,
Je ne saurais en cette aise
Rien proférer que Jésus !

Voilà, on doit l’avouer, une gaillarde façon de chanter les