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assez triste état, qu’il tenait de M. Ducler, administrateur de Karikal en 1828, et que j’ai conservée comme un intéressant souvenir ; c’est avec cette grammaire et un alphabet malais acheté à un marin revenu de Singapour que je me mis à l’ouvrage… J’aurais voulu envoyer le présent Manuel à ce zélé mahométan, mais il y a bien longtemps déjà qu’il ne cherche plus d’amateurs pour le langage de son Prophète. C’était d’ailleurs un excellent homme : ni prêtre, ni soldat, ni derviche, il est mort bourgeoisement comme il avait vécu, dans sa ville natale, marquant ses années de déceptions plus ou moins prévues ou de satisfactions inespérées, menant de front ses devoirs sociaux et les exigences de sa foi philosophique ou religieuse. Ne devrait-il pas en être de même pour chacun de nous ? la vie de l’homme ne devrait-elle pas toujours se résumer dans l’amour ardent du travail fécond et consolateur, la recherche obstinée de la justice et le culte infatigable de la liberté ?

Paris, le 25 Mars 1899.

Julien Vinson.