Page:Vinson - Manuel de la langue hindoustani.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grammaire hindoustanie élémentaire dont le présent volume n’est qu’une seconde édition révisée. M. Garcin de Tassy d’ailleurs n’était pas linguiste ; c’était un excellent orientaliste dans l’acception qu’on donnait à ce mot au commencement de ce siècle ; il était profondément imbu des habitudes, des procédés et, qu’on me permette le mot, des manies de la grammaire sémitique qui est encore aujourd’hui la plus arriérée de toutes. On y prend trop souvent pour point de départ l’écriture et non pas les sons ; et on y abuse vraiment trop de l’empirisme. Le lecteur y est constamment agacé par l’enchevêtrement des règles, la niaiserie des définitions, et cette logomachie baroque : mutation des points, lettres mobiles ou quiescentes, état construit, verbes concaves, etc. L’exposé des formes du verbe arabe est donné ordinairement en un tableau sériaire où chacune n’est distinguée que par un numéro d’ordre. N’est-il pas à la fois plus simple et plus commode de faire voir que le verbe sémitique a deux voix, la voix active et la voix passive, différant par les voyelles radicales ; que chaque verbe peut prendre plusieurs formes (à deux voix chacune) différenciées surtout par des additions ou des suppressions de voyelles et de consonnes ; que ces formes se classent d’abord en trois formes simples : ordinaire QaTaLa « il a tué », intensive QaTTaLa « il a beaucoup tué », augmentative QâTaLa « il a massacré » (et leurs passés QuTiLa, QuTTiLa, QûTiLa) que des trois formes simples on dérive des causatifs par la préfixation de ’a : l’arabe n’a que ’aQTaLa « il a fait tuer », mais l’éthiopien a les trois formes ; que ta ou na préfixé dérive des réfléchis : ’iQTataLa (pour taQaTaLa), taQaTTaLa, taQâTaLa,’inQaTaLa, etc. ? Un exemple remarquable de ces habitudes déplorables et de ce manque absolu de méthode m’a particulièrement