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freluquet, et le malheureux père n’a d’autre ressource que de se convertir et de pleurer ses égarements.

Mais ce fut vers cette époque que je commençai sérieusement l’étude du tamoul ; je ne fis pas de grands progrès avec mon premier maître. C’est seulement avec le dernier, Aiyâsâmi, que je fus initié, quatre ans plus tard, à Karikal, à la sagesse des vieux Hindous ; quoique chrétien, Aiyâsâmi ne craignit pas de me faire traduire le Râmâyana et les Kur’al de Tiruvalluva de m’enseigner chemin faisant les antiques légendes et les hauts faits des dieux du pays. J’appris ainsi à comprendre les sculptures des monolithes que nous méprisions jadis ; à ne m’étonner d’aucune extravagance mystique ; enfin à respecter toutes les religions comme des produits spontanés de l’esprit humain dans son évolution constante, mais à les condamner toutes comme une fois nées, faire désormais obstacle à cette même évolution.

C’est parce qu’en faisant ce livre ma pensée s’est reportée à cette époque déjà lointaine, que je viens vous le dédier, mes chers condisciples. Le sort nous a dispersés sur toute la surface du globe ; plusieurs d’entre nous ont déjà disparu, emportés par la maladie et par les hasards implacables de la vie ; et de ceux qui restent beaucoup ne se reverront peut-être jamais. Recevez cet ouvrage comme un souvenir de nos jeux et de nos travaux communs, de nos rivalités scolaires et de notre bonne camaraderie. En vous l’envoyant, il me semble presque me retrouver