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Gange, vers Bénarès et Tchaprâ ; le Maîthilî à Tirhut, Murzaffarpur et Darbhanga, qui tire son nom de l’ancienne Mithilâ, où est né Rama ; enfin le Mâgadhî ou Bihârî, vers Gayâ, Patnâ et Bhâgalpûr.

Ces dialectes se rapprochent naturellement en deux grandes divisions séparées par le 78e degré de longitude, l’hindi occidental et l’hindi oriental. Ce dernier, qui devrait recevoir le nom de Bîharî, se subdiviserait, suivant M. Georges A. Grierson, en Bhôjpûrî, Mâithilî et Mâgadhî. M. Hoernle rapproche l’hindi oriental du Bangali et de l’Oriya qui se rattacheraient ainsi que le Marâthî au vieux Mâgadhî, tandis que l’hindi occidental, apparenté au Panjabî, au Sindhî, au Gujaratî, descendrait avec le Nâipalî d’un ancien Çâuraçênî populaire.

L’ancien hindi occidental a donné naissance à l’hindi classique moderne et à l’urdu, qui ne diffèrent guère l’un de l’autre que par l’écriture. L’hindi a gardé la vieille écriture indienne, le dêvanâgarî, tandis que l’urdu, par un préjugé religieux, a adopté l’incommode écriture arabe sous la forme que lui avaient donnée les Persans. L’urdu et l’hindi moderne ont emprunté un grand nombre de mots persans, arabes et même turcs ; ceux qui veulent écrire en hindi affectent d’employer le moins grand nombre de mots étrangers possible ; ceux qui se servent de l’urdu font plutôt le contraire. L’urdu, qui sert de lingua franca dans une grande partie de l’Inde, prend dans le Décan le nom de dakhnî ; il y présente certaines particularités phonétiques et morphologiques assez peu importantes. L’urdu a pris naissance autour de Delhi, dans les camps militaires (urdu) des conquérants persans, au XIIe siècle de notre ère, après la bataille de Pânîpat, gagnée en 1192 par les Musulmans. Le fond original en est le parler de Braj, influencé par le Mârwârî et le Panjabî.

J’emprunte la plupart des détails qui précèdent à l’excellente Grammar of the Eastern Hindi du docteur R. Hoernle (Londres, 1880, xv-416 p. in-8o), de même que pour la rédaction des pages qui vont suivre j’ai consulté la plupart des grammaires récemment publiées, et notamment la Hindi Grammar du Rév. Kellogg (Allahabad, 1876, xviij-380-26-9 p. in-8o). J’ai classé les éléments grammaticaux de l’hindûstânî (et sous ce nom je comprends l’ensemble des dialectes, vulgaires et écrits, naturels et artificiels ou littéraires,