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le pays actuel des Mahrattes), le Çâurasênî (dans le pays de Braj), le Mâgadhî (dans le pays de Bihâr) et le Pâiçâcî (Népâl, Décan, Pâṇḍya, etc.). Le Pâiçâci était proprement « le langage impur des indigènes », descendants des habitants primitifs qui occupaient le pays avant l’arrivée des Aryas. Il y avait aussi les patois ou dialectes Apabhramças, dont on énumère dix variétés et qui étaient proprement des idiomes aryens populaires. N’oublions pas le Pâli, langue sacrée de Ceylan, qui paraît être un Apabhramça littéraire et qu’on rattache généralement au Mâgadhî.

Quelle est aujourd’hui la statistique linguistique de l’Inde ?

Si nous laissons de côté le Brahuî parlé par des tribus assez peu nombreuses sur la frontière de l’Afghanistan[1] et d’autres langues parlées dans les vallées limitrophes du Tibet, de l’Indo-Chine, etc., nous trouvons dans I’Inde trois groupes de langues tout à fait différentes et parfaitement indépendantes.

Le premier groupe comprend les langues Dravidiennes parlées, dans la moitié septentrionale de Ceylan et dans toute la région qui s’étend du cap Comorin à Goa d’une part, à la Gôdâvêrî de l’autre,

  1. On a rapproché le brahui des langues dravidiennes. Il présente en effet avec elles une remarquable analogie de vocabulaire ; ainsi les adjectifs numéraux de 1 à 3, y sont dravidiens (au-dessus de 4 ils sont persans). Les textes originaux que l’on a jusqu’ici publiés sont peu nombreux ; l’Indian Antiquary a donné récemment deux chansons : voici le commencement de l’une, que je traduis littéralement :
    khank-nâ larzîrah lakas garzîrah
    Les yeux de toi sont éclatants ; des lakhs ils donnent.
    Dandânk sadaf-nâ burzî laivangnâ
    Les dents perle de toi longue cannelle.

    Le brahui a été étudié par Leech en 1838 (Journal de la Soc. as. du Bengale, réimprimé à part en 1849), Lassen (t. V de la Zeitschrift für Kunde der Morg.), F. Fini (Bolletino, 1870), et surtout par Bellew (From the Indus to the Tigris, Londres, 1874, app.). Une grammaire en caractères arabes, dont je dois un exemplaire à la libéralité du Secrétaire d’État de l’Inde, que je remercie de cette faveur toute spontanée, a été publiée en 1877, à Karratchî, par M. Allax Bux. Le travail le plus complet le plus scientifique est celui de M. Trumpp, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Munich (4 décembre 1880).