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Qui pourrait résister à leur attaque ? Dans cette lutte, quel pouvoir invoquer ?

Que ferait un misérable inventeur, isolé, pauvre, inconnu, avec des machines impuissantes, brisées par la foule ; tandis que lui-même serait banni, expulsé, s’il n’était pas jeté dans les fers ?

Gutenberg, ainsi que Coster et tous les chercheurs, avait à résoudre l’immense difficulté de rendre pratique son projet sans éveiller les soupçons de l’ennemi ; puis, la réussite obtenue, de trovuer des protecteurs, des appuis, afin de pouvoir braver l’esprit public et le tolle des intéressés.

Il se mit à l’œuvre mystérieusement, dans un atelier où lui seul pénétrait, fondeur, menuisier, serrurier, mécanicien, taillant, coulant son métail, ajustant ses pièces et perfectionnant son matériel, dont toutes les pièces étaient de son invention.

Qu’admirer le plus en lui ? le penseur ? l’inventeur ? l’artiste ? l’ouvrier ? ou l’homme énergique, tenace et fort que rien ne rebute, que rien ne peut arrêter ?

Il y avait dix ans que l’inventeur luttait ; il avait dépensé ses économies, épuisé ses ressources, vu s’enfuir sa jeunesse, et cependant il n’avait pas perdu tout espoir. Il se voyait désormais près du but, mais pour y atteindre, il lui fallait un aide, un secours ; où le trouver ?

À qui se fier ? quel homme intelligent, fidèle, ayant quelque fortune voudrait unir son sort au sien ? Mais alors, à ce phénix découvert, quelle part de son secret faudrait-il offrir ?

L’homme se rencontra.

En 1436, André Dritzchen jura de respecter les secrets de son associé, promit des fonds et fut initié à tous les mystères de ce laboratoire fermé au public, dans lequel on imprimait à