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un arbre du rivage et le propulseur sous-marin qui fait notre admiration !

Quel chemin parcouru, depuis les empreintes, les cachets des peuples primitifs, les planches xylographiques des Chinois, les sceaux de l’antiquité, les cartons découpés à jour du moyen âge ; les lettres sculptées de la Hollande et de l’Allemagne, même avant Gutenberg et ce qui se fait aujourd’hui ; les impressions de Coster, à Harlem, avec des planches gravées et des blancs remplis au moyen de lettres sculptées sur bois, qui permettaient des corrections, des variantes et des changements, et les chefs d’œuvre sortis de Tours et de Paris !

Car le fait paraît acquis ; Gutenberg n’a pas plus inventé l’imprimerie que Colomb n’a découvert l’Amérique. Il y avait longtepms que les Scandinaves avaient franchi le Saint-Laurent quand les caravelles espagnoles abordèrent aux Antilles et donnèrent un nouveau monde à l’indécis Ferdinand.

Coster avait employé simultanément des planches xylographiques et des caractères mobiles gravés sur bois. Mécontent de leur peu de durée, il les remplaça par des caractères coulés dans le sable ou l’argile et, avec ces nouveaux moyens, acheva son fameux Speculum sur lequel on a tant glosé.

On croit que cette impression eut lieu vers 1430. Dès lors, dit M. Auguste Bernard, il imprima des Donat, espèce de grammaire latine, à l’usage des écoles et dont l’écoulement était assuré ; puis son Catonis Disticha, puis enfin son célèbre Horarium, dont quelques pages subsistent encore. Que devenait, dès ce moment, le secret de l’imprimerie si bien défendu contre les indiscrétions par les promesses et les serments qu’on exigeait des ouvriers ? Serruriers, papetiers, marchands d’encre, fondeurs, ne soupçonnaient-ils rien ?