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tout montrer le génie moderne dans sa mobilité féconde et jusque dans ses tressaillements. À ces études contemporaines, qui prendront le siècle sur le vif, nous agraferons parfois l’étude des anciens, nos précurseurs dans la plupart des voies de l’intelligence humaine et très-souvent nos maîtres.

Quoi ! dans cette France où l’enseignement supérieur est toujours resté ou très-flottant ou très-restreint, dans un pays dépourvu de ces Universités qui recueillent l’adolescent au sortir du collége, le perfectionnent, le mûrissent, en font un homme, et par cela même lui ouvrent la vie professionnelle ou politique, une Faculté libre, comme celle que nous voudrions avoir l’honneur insigne de créer, ne pourrait pas réussir ? Un effort sérieux pour répandre la lumière parmi ceux dont la mission par la fortune, la position sociale ou les aptitudes, est de remettre sur la voie une société déroutée une tentative longuement méditée pour former une phalange d’esprits éclairés, fermes, réfléchis, capables de réprimer ces passions bruyantes et souvent sans but réel, dont notre pays si inflammable favorise plus que tout autre l’action destructive ; quoi ! dis-je, une telle tentative resterait infructueuse ? — Je ne puis le croire, mon cher ami.

Avant de terminer, je veux revenir sur un mot dont j’admire comme vous la raison profonde : « C’est l’Université de Berlin qui a vaincu à Sadowa. » Quand, de cette puissante Université, qui s’enorgueillit avec raison de ses trente-deux amphithéâtres, de ses trois cents cours par semestre, de son peuple d’étudiants, la pensée se reporte vers la Sorbonne, vers notre Collége de