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dant trois ou quatre années les douceurs, les candidats puissent obtenir les titres qui doivent leur ouvrir l’accès de la vie professionnelle, voilà le vœu le plus cher des familles, voilà l’ambition des instituteurs ad hoc et des répétiteurs. S’agit-il d’une école plus spéciale, d’une école savante pour laquelle une forte préparation est nécessaire, on se repose après ce grand et unique effort toute la vie. Le temps se chargera du reste. Laissez-vous aller au courant administratif, il vous portera mollement où vous devez arriver. Si, par hasard, un esprit plus vif, séduit par l’attrait des études spéculatives, veut mettre seulement le bout du pied sur le terrain de la vraie, science ; s’il se laisse prendre par elle des heures que d’autres donneraient à la paperasserie bureaucratique ou à la vie de salon, vite l’administration prend l’alarme et s’empresse de faire sentir à l’imprudent l’inconvenance de s’élever au-dessus du niveau marqué par la vieille médiocrité officielle.

J’aurais beau jeu, si j’osais parler de nos jeunes officiers trop peu jaloux malheureusement de profiter des livres, cartes et plans, de toutes les richesses accumulées au dépôt de la guerre. Les grands travaux de l’Allemagne sur le nouvel art militaire sont lettre close, je le crains, pour l’état-major français. Mais je ne veux point mettre ici le doigt sur une plaie saignante encore, et raviver ainsi nos douleurs.

Ce manque d’instruction solide, je dirai même élémentaire, ou de propension vers la haute culture de l’esprit, qui se trahit dans nos assemblées, ne l’avons-nous pas déploré cent fois, mon cher ami ? Et cependant, nous