Page:Vinet - Études sur Blaise Pascal, 1848.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
du plan attribué à pascal

des vérités artificielles, le point de départ n’étant qu’une supposition, et chaque proposition consécutive n’étant que la transformation d’une vérité précédente. Il a vu que cette science ne le conduisait point aux véritables qualités des choses, que la vérité concrète restait toujours en dehors de ces démonstrations si certaines et si rigoureuses, et que ce qu’il en restait de plus précieux, indépendamment de leurs applications à la vie, c’est une méthode, mais, à dire vrai, la seule véritable méthode dans la poursuite de la vérité. C’est à cette méthode qu’il s’attachera, et il l’appliquera rigoureuse à tout ce qui est du ressort de l’intelligence.

Parmi les sujets qui se présentent à la méditation, la religion tient le premier rang.

Il veut conduire un homme aux convictions chrétiennes. Il pourrait débuter d’emblée par les objets mêmes de ces convictions : Dieu , la révélation, les mystères. Mais il a remarqué qu’en beaucoup de choses la volonté influe sur la croyance ; que tantôt elle aide à croire, que tantôt elle en détourne ; que s’il ne faut pas appliquer directement la volonté à la croyance, il est légitime de tourner la volonté du côté de l’examen ; que l’examen est d’autant plus intéressant que son objet est plus près de nous ; que, dans la question de la religion, l’intérêt réside de prime abord dans les rapports qu’elle a à nous ; que c’est de nous donc qu’il faut d’abord nous parler ; et qu’ainsi il ne faut pas aller de la religion à l’homme, mais de l’homme à la re-