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du plan attribué à pascal

tion est, pour le fond des choses, trop remarquable pour qu’on puisse, un seul instant, croire à la supposition ; elle est trop digne de Pascal, elle coïncide trop visiblement avec les fragments qui nous sont restés, elle les lie, les coordonne, les éclaire d’une manière trop frappante, pour qu’on ne juge pas que les fragments et l’exposition sont sortis d’une même tête ; il est, de tout point, plus facile de croire à son authenticité, que d’admettre qu’une autre tête ait conçu, en même temps que Pascal, un plan parfaitement semblable, et un plan tellement original, tellement nouveau, je dirai plus encore, tellement supérieur à l’esprit qui régnait alors dans la science de la religion.

C’est ce plan que je vais essayer de reproduire, sans apporter d’autre différence à l’exposition des éditeurs de Pascal que celle du langage. Les idées sont de notre siècle, le point de vue est de notre siècle, bien plus que du dix-septième ; il ne s’agit que d’assortir des expressions modernes à une conception véritablement moderne. Je dois un seul mot d’avertissement à mes auditeurs avant de commencer. Qu’a donc à faire, pourrait-on me dire, une apologie du christianisme au milieu d’une revue des moralistes français ? On le verra tout à l’heure ; on se convaincra que l’ouvrage de Pascal est, pour sa partie la plus essentielle, un véritable traité de philosophie morale. Développer à présent cette assertion serait anticiper sur l’analyse que je vais entreprendre : je ne le ferai donc point ; il suf-