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george sand et l’amour

La poésie m’avait créé d’autres facultés immenses, magnifiques et que rien sur la terre ne devait assouvir. »[1].

Les passages suivants, appartenant à l’édition de 1833, sont encore plus précis :

… « Hélas ! cet homme n’avait pas vécu des mêmes idées. Il connaissait d’autres plaisirs, d’autres extases : il eut voulu les partager avec moi. Mais moi, nourrie d’une manne céleste, moi dont le corps était appauvri par les contemplations austères du mysticisme, le sang fatigué par l’immobilité de l’étude… j’oubliai d’être jeune, et la nature oublia de m’éveiller. Mes rêves avaient été trop sublimes ; je ne pouvais plus redescendre aux appétits grossiers de la matière. Un divorce complet s’était opéré à mon insu entre le corps et l’esprit. J’avais vécu en sens inverse de la destinée naturelle… Je m’étais enivrée de méditations et de spiritualisme, et j’avais prononcé l’anathème des vieillards sur tout ce que je n’avais pas en-

  1. Lélia, I, 180.