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george sand et l’amour

C’est à la villa Bambucci, à la fête du prince, qu’elle rencontre sa sœur, la courtisane Pulchérie.

Leur entretien va nous éclairer davantage sur l’état de Lélia. Au fond de cette éloquence, de ces plaintes, de ces gémissements, nous allons voir s’affirmer plus nettement encore l’impuissance physique d’aimer, l’impossibilité matérielle de jouir de la vie.

« Si Dieu m’a créée dans un jour de colère ou d’apathie, dans un sentiment d’indifférence ou de haine pour les œuvres de ses mains, c’est ce que je ne sais point. »[1]. Sortie incomplète des mains du Créateur, elle est à la fois puissance et néant : « J’étais pourtant née en apparence sous d’heureux auspices. Mon front était bien conformé, mon œil s’annonçait noir et impénétrable comme doit être tout œil de femme libre et fîère ; mon sang circulait bien et nulle infirme disgrâce ne me frappait d’une injuste, et flétrissante malédiction. »[2].

  1. Lélia, I, 178.
  2. Lélia, I, 179.