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à sa sœur, miss Angelica Lasiesbury, imposante personne qui n’avait conservé de sa jeunesse que l’illusion de se croire toujours jeune.

« La journée se passa d’une façon charmante ; la villa qu’ils habitaient, quoique un peu écartée de la ville, était confortable et luxueuse, de merveilleux jardins l’entouraient.

« Au coucher du soleil, je parlai de me retirer ; mes amis ne voulurent pas m’entendre, ils exigèrent que je devinsse leur hôte pour de nombreuses semaines.

« D’ailleurs, ils avaient tout prévu, et mon bagage qu’on était allé chercher à l’hôtel était déjà installé dans une chambre. Devant une pareille amabilité, tout ému de sentiments aussi délicats, je me laissai volontiers faire et m’installai sans plus de façon dans leur villa.

« Les jours qui s’écoulèrent là furent tissés de soie et d’or ; il n’était d’attentions que n’imaginassent mes hôtes pour me rendre la vie exquise. Les promenades, la chasse, les parties de pêche, tout était sujet de distraction.

« Une seule ombre au tableau : miss Angelica appartenait à une société de tempérance. Le cigare et le whisky n’avaient point leur entrée dans cet Eden ; j’en pâtissais fort, miss Angelica m’en plaisantait et parlait de me convertir. Elle m’avait, dès le début, paru charmante, quoique un peu mûre et desséchée.

« Je m’étais informé auprès du Bengal-Bank du compte de la jeune personne à son agence, et la réponse que j’en avais reçue m’avait fait trouver chez elle de plus nombreuses et solides qualités. Je crois, à la vérité, que cette lettre de la banque était arrivée à la villa avec une sœur jumelle qui avait dû mettre mes hôtes au courant de mon indiscrétion.