Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE NOUVEAU-MONDE 43 SCÈNE III MiSTRESS ANDREWS, MOSCONE, BOB, ronflant par instants Mistress Andrews, bas et vite Moscone, l’heure est venue : il s’agit d’exécuter un coup dangereux : mille dollars, ai-je dit, pour toi et les tiens, après l’aventure. Moscone, très-sérieux, subitement Mistress Andrews s’exprime en excellent américain. Mistress Andrews, derrière lui, sinistre, vite, à voix basse, à son oreille Cours à la grève ! Saute dans le canot ! Regagne ce sloop de guerre que m’a prêté lord Cecil pour l’expédition. Qu’on soit prêt à tout événement ! Que le sloop reste caché dans l’anse, derrière les récifs ! Va ! vite !... Et ramène deux ou trois hommes déterminés qui t’aideront à la besogne. Moscone Quelle besogne ? Avec vous, il faut savoir ! Les mate- lots anglais ont, quelquefois, le tort d’être scrupuleux — et, s’il s’agit d’une chose un peu vive, ils hésiteront. Mistress Andrews, serrant les dents Ah ! je n’avais pas songé à cela. Moscone Tenez ! j’aurais eu plus de confiance dans ces gens qui étaient là, tout à l’heure. Ce sont des détrousseurs de noyés ; ils vivent d’épaves et facilitent les naufrages : — des gens d’attaque : voilà notre affaire.