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LE NOUVEAU-MONDE SCÈNE XI RUTH, assise et réfléchissant, à droite. MARY, entrant par la porte de gauche, puis le Chevalier DE VAUDREUIL , puis, tout à la fin. Voix lointaines. Mary, entrant doucement, avec précaution, sans voir Ruth Personne ! (Frissonnante.) Oh ! ce vent sur cette plage, depuis une heure !... Et cette cloche du donjon, que l’on ne réveille qu’aux heures de deuil ou de fête... C’était le re- tour du comte Cecil qu’elle annonçait sans doute. — Mais pourquoi donc Ruth m’oublie-t-elle ? Henri va partir sans qu’elle lui ait dit... Je suis inquiète !... (Elle s’approche du bal- con.) — Il me semble voir une barque, là-bas, sous la lune, dans l’éclaircie des rochers. Ce doit être lui. Elle ouvre la fenêtre, puis recule avee surprise ; le chevalier de Vau- dreuil est sur le balcon. VAUDREUIL, a demi-voix Oh ! donnez vite, mademoiselle ! Mary, ôtant sa bague et l’enveloppant, à la hâte, dans le noeud du ruban de son corsage Tenez, monsieur, et partez ! On priera pour vous. Vaudreuil, lui baisant les mains Merci ! N’oubliez pas !.. — Dans un an, ou jamais !... Je vous aime ! Mary, vivement Jamais, dites-vous  ? Ah ! se peut-il que l’on parte ainsi pour des pays d’où l’on ne reviendra peut-être plus ? C’est donc bien beau, le Nouveau-Monde ? VAUDREUIL, entrant et demeurant au fond de la scène (Pendant la réponse du chevalier, l’orchestre exécute très-sourdement l’air national américain : Hail Columbia! Musique étouffée et comme très-lointaine). Oui, miss ; car c’est une terre hasardeuse qui accueille