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6 ACTE PREMIER tes et guerriers, ceux de Connor-les-cent-batailles, ou de nos anciennes ballades d’Ecosse, — oh ! ces légendes des vieux âges, si effrayantes — tiens, par exemple, celle que je te chantais encore ce soir, — la Ballade du Parricide, (L'orchestre rappelle, en sourdine, un motif sombre déjà entendu dans l’ouverture.) de ce suzerain des landes d’Evandale, dont la passion sa- crilège... et, à ce propos, Kate, ma nourrice, m’a conté, je me souviens, que la dernière fille de cette lignée funeste, Edith Evandale, avait disparu de l’Ecosse, après avoir brûlé elle-même son manoir, dont s’écartaient jusqu’aux mendiants des chemins. — Enfin, avoue qu’ils ne sont pas bien égayants, non plus, tous ces récits de veillées !— et que rien n’est joyeux, ici. Vois-tu, nous deviendrons sauvages, et quelque navigateur nous découvrira un jour : il nous emmènera, pour nous montrer aux nations civilisées et au roi de son pays. Lady Cecil, la regardant, souriante Oui ; tu veux me distraire ; c’est à cause de ma mélancolie de tout à l’heure que tu me dis tout cela !... Chère tête blonde, va ! Je ne songe plus aux oiseaux des Florides, quand tu es là, mon oiseau de paradis ! Mary Écoute, j’ai juré de te consoler, ce soir. (Tout bas). N’as- tu pas un secret ? (Lady Cecil la regarde, un peu étonnée, puis secoue la tête, sans répondre) Bien sûr ?... Nous allons le savoir. Oh ! du canot Elle se leve, marche vers la fenêtre, puis, penchée au balcon, elle crie Lady Cecil, très-étonnée Que fais-tu donc, Mary ? Le Chevalier de Vaudreuil, dans l’éloignement Plaît-il ?