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bler de longs intervalles. Mes jours se soudent à mes jours comme les anneaux d’une chaîne que je suis obligée de porter et qui m’accable sous son poids. Il me semble que depuis longtemps mon âme s’est brusquement arrêtée au milieu de je ne sais quelle route immense, et la terre me paraît lugubre comme une prison. Ah ! c’est cela, c’est cela surtout qui m’interdit ! Je souffre de vivre, n’ayant plus rien à tirer de la terre… et ne pouvant cependant pas m’en détacher.

Elle ferma les yeux pendant un moment de silence.