Elle se levait, se baignait aux jardins, s’enveloppait d’un peplum, vêtement dans lequel elle se trouvait plus à l’aise et plus rapidement habillée ; elle venait ensuite dans la bibliothèque, s’étendait sur un sofa, pensait de longues heures sans quitter son attitude, accoudée sur les coussins, — excepté pour feuilleter de temps à autre un livre de philosophie ou de mathématiques et parcourir un passage. Elle ne prononçait jamais une parole : ses yeux demi-fermés ne brillaient pas ; un signe d’admiration, de crainte ou d’espérance ne la fit jamais tressaillir ; — seulement des gouttes de sueur perlaient sur ses tempes, roulaient jusque parfois sur ses cils, comme des pleurs sublimes, et, pareille à la grande Isis, elle s’essuyait alors avec le voile.
Les jours et les nuits se passèrent.
Cependant le soleil était radieux sur les campagnes ; les enfants s’aimaient dans les forêts, la nature était paisible ; le printemps de sa jeunesse lui disait, dans la voix de ses brises venues du ciel, dans le parfum de ses fleurs gonflées de séve, le chant mélancolique des anciens : « Cinthie, les jours et les nuits s’écoulent ; tu oublies de vivre ; ne