ble insupportable, fatigante et révoltante. Oui, tous deux eurent la bienveillance de toujours se tenir éloignés de ce genre de personnes, pour leur épargner l’ennui de cette sensation toute naturelle.
Mademoiselle de Luçanges et le duc de la Villethéars subirent donc, chacun de leur côté, cette existence, jusqu’au jour mortel où, tous deux, presque en même temps, s’aperçurent que les suffocantes bouffées — émanant des lourds ébats de cette Médiocrité universelle — avaient répandu la contagion jusque sur leurs proches, leurs frères, leurs « égaux », — la plupart de leurs princes et de leurs prêtres !…
Alors un froissement terrible d’âme les glaça, leur causa cette sorte de lassitude sévère qu’un Dieu-martyr seul peut surmonter devant le reniement de son disciple. Humiliés de se sentir quand même solidaires de cet envahissement si près d’eux monté, une tentation d’inespérance les prit, troubla leurs cœurs sacrés et peu s’en fallut qu’elle n’assombrît même, au plus secret de leurs croyances, jusqu’au sentiment de Dieu.
Elle ni lui n’étaient, en effet, du nombre de ces esprits-créateurs, trempés de manière à tenir tête fût-ce au scandale de toute l’Humanité et dont le fulgurant souffle d’infini refoulerait les plus rugissantes rafales : ce n’étaient que deux exquises intelligences, merveilleusement douées, — que cette qualité d’épreuve fit fléchir, comme deux fleurs sous la pluie.