PRÈS d’une année de règne affermit le pouvoir entre les mains de la dominatrice qui, fidèle aux mélancolies de son veuvage et seulement ambitieuse, peut-être, de mourir illustre, belle et toute-puissante, traitait, en conquérante aventureuse, avec les rois hindous, les menaçant ! — Son lucide esprit n’avait-il pas su augmenter la prospérité de ses États ? Les Dêvas favorisaient le sort de ses armes. Toute le région l’admirait, subissant avec amour la magie du regard de cette guerrière — si délicieuse qu’en recevoir la mort était une faveur qu’elle ne prodiguait pas.
Et puis, une légende de gloire s’était répandue touchant son étrange valeur dans les batailles : souvent, les légions hindoues l’avaient vue, au fort des plus ardentes mêlées, se dresser, toute radieuse et intrépide, fleurie de gouttes de sang, sur l’haodah lourd de pierreries de son éléphant de guerre, et, insoucieuse, sous les pluies de javelots et de flèches, indiquer, d’un altier flamboiement de cimeterre, la victoire.
C’est pourquoi le retour d’Akëdysséril dans sa capitale, après un guerroyant exil de plusieurs lunes, était accueilli par les transports de son peuple.
Des courriers avaient prévenu la ville lorsque la reine n’en fut plus distante que de très peu d’heures. Maintenant, on distinguait, au loin déjà, les éclaireurs