une rumeur de gloire et de fête étonnait le silence accoutumé des tombées du soir. — La multitude emplissait d’une allégresse grave les rues, les places publiques, les avenues, les carrefours et les pentes sablonneuses des deux rivages, car les veilleurs des Tours saintes venaient de heurter, de leurs maillets de bronze, leurs gongs où tout à coup avait semblé chanter le tonnerre. Ce signal, qui ne retentissait qu’aux heures sublimes, annonçait le retour d’Akëdysséril, de la jeune triomphatrice des deux rois d’Agra, — de la svelte veuve au teint de perle, aux yeux éclatants, — de la souveraine, enfin, qui, portant le deuil en sa robe de trame d’or, s’était illustrée à l’assaut d’Éléphanta par des faits d’héroïsme qui avaient enflammé autour d’elle mille courages.
AKËDYSSÉRIL était la fille d’un pâtre, Gwalior. Un jour, au profond d’un val des environs de Bénarès, par un automnal midi, les Dêvas propices avaient conduit, à travers des hasards, aux bords d’une source où la jeune vierge baignait ses pieds, un chasseur d’aurochs, Sinjab, l’héritier royal, fils de Séür le Clément qui régnait alors sur l’immense contrée de Habad. Et, sur l’instant même, le charme de l’enfant prédestinée avait suscité, dans tout l’être du jeune prince, un amour divin ! La revoir encore embrasa bientôt si violemment les sens de Sinjab qu’il l’élut, d’un cœur ébloui, pour sa seule épouse ; —