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AKËDYSSÉRIL


Toute chose ne se constitue que de son vide.
Livres Hindous.


La ville sainte apparaissait, violette, au fond des brumes d’or : c’était un soir des vieux âges : la mort de l’astre Souryâ, phénix du monde, arrachait des myriades de pierreries aux dômes de Bénarès.

Sur les hauteurs, à l’est occidental, de longues forêts de palmiers-palmyres mouvaient les bleuissements dorés de leurs ombrages sur les vallées du Habad : — à leurs versants opposés s’alternaient, dans les flammes du crépuscule, de mystiques palais séparés par des étendues de roses, aux corolles par milliers ondulantes sous l’étouffante brise. Là, dans ces jardins, s’élançaient des fontaines dont les jets retombaient en gouttes d’une neige couleur de feu.

Au centre du faubourg de Sécrole, le temple de Wishnou-l’éternel, de ses colonnades colossales, dominait la cité : ses portails, largement lamés d’or, réfractaient les clartés aériennes et, s’espaçant à