nappe de clarté lunaire, sur la pelouse, en face de la chambre où il était mort. — « De la lumière ! » pensai-je. — Et je m’enfonçai sous les arbres centenaires d’une allée qui, entrecroisant à une hauteur démesurée leurs feuillées et leurs ramures, y assombrissaient encore l’obscurité.
Et une délicieuse odeur d’herbes, de buissons et de fleurs mouillées, d’écorces fendues par le moût immense de la sève — et cette houle, qui sort de la terre mêlée au frisson des plantes, me pénétraient.
Personne.
Je marchai pendant près d’une heure, sans m’orienter, au hasard.
Cependant les taillis, formés à hauteur d’homme par les premiers rameaux des arbres, me paraissaient bruire, à chaque instant, comme si des êtres vivants s’y agitaient.
En essayant de sonder leurs ténèbres, entre les branches, j’aperçus des myriades de lueurs rondes, clignotantes, phosphorescentes. C’étaient les grands-ducs dont m’avait parlé (je m’incline) celui de Saxe-Weimar.
Certes, ils étaient familiers ! Nul ne les inquiétait. Une superstition les protégeait. Alignés par longues théories, sur de grosses branches, respectés des forestiers du prince, on les laissait à leurs méditations sinistres. Parfois un vol étouffé, cotonneux, traversait une avenue avec un cri. L’un d’eux, tous les dix ans peut-être, changeait d’arbre. À part ces rares envolées, rien ne troub