cette soirée d’adieu et en lui conférant l’anneau, ces singulières paroles :
— Monsieur Favre, en cette opale, vous le voyez, est sculptée, comme une statue sur une pierre funéraire, cette figure de la Bellone des vieux âges. Elle traduit ce qu’elle recouvre. — Au nom du roi Louis XVI et de toute une race de rois dont vous avez défendu l’héritage désespéré, portez cet anneau ! Et que leurs mânes outragés pénètrent, de leur esprit, cette pierre ! Que son talisman vous conduise et qu’il soit un jour, pour vous, en quelque heure sacrée, le témoin de leur présence !
Favre a déclaré souvent avoir attribué, alors, à quelque exaltation produite par une trop lourde continuité d’épreuves, cette phrase qui lui parut longtemps inintelligible — mais à l’injonction de laquelle il obéit, toutefois, par respect, en passant à l’annulaire de sa main droite, l’Anneau prescrit.
Depuis ce soir-là, Jules Favre avait gardé la bague de ce « Louis XVII » à ce doigt de sa main droite. Une sorte d’occulte influence l’avait toujours préservé de la perdre ou de la quitter. Elle était pour lui comme ces emprises de fer que les chevaliers d’autrefois gardaient, rivées à leurs bras, jusqu’à la mort, en témoignage du serment qui les vouait à la défense d’une cause. Pour quel but obscur le Sort lui avait-il comme imposé l’habitude de cette relique à la fois suspecte et royale ?… — Avait-il donc fallu, enfin ! qu’à tout prix ceci dût devenir possible — que ce républicain prédestiné portât