Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

Calvaire, qui, râlant aussi sur son bois fatal, obtint, quand même, et les yeux déjà voilés, l’authentique assurance du Paradis.

« Parmi les ouvriers de la onzième heure, — qui furent payés de la journée comme s’ils fussent venus dès le matin, — toi, travailleur attardé, tu ne seras accouru que sur le minuit ! — Qu’importe ! Il sera temps encore, sois-en sûr. Qui donc, parmi les vivants, ces marcheurs blêmes tout couverts de folie, d’impureté et d’orgueil, oserait affirmer que ton Créateur, notre Père, te marchandera sa miséricorde, alors que tes regards — vers lui levés, en un pareil instant, du fond de tes orbites, — en appelleront de sa Justice à sa Gloire ! Et de quel droit moi-même, — s’il me semble avéré que le Sauveur t’en envoie la plus vague des espérances, — au nom de quel présomptueux et dangereux scrupule, — dont Celui qui, d’un appel, fit sortir Lazare d’entre les morts, demain me demanderait compte, — hésiterais-je à t’absoudre de tes misères, à te frayer le chemin de la paix, à toi qui nous précèdes tous de si peu d’heures dans l’éternité ? — Quoi ! lorsque ta tête ne pouvait encore penser, elle a été jugée digne du sacrement du Baptême et, lorsqu’elle paraîtrait témoigner — peut-être — le repentir, je lui refuserais le sacrement de la Pénitence ! »

Concluons. — Puisque la Science, avec son arsenal de prestiges, assaille, de toutes parts, la Foi chrétienne, — du moins aux yeux voilés de ceux