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courut à l’entrée funèbre, sauta dans l’une des voitures, donna son adresse à la hâte, et, s’étant renfermé derrière les vitres relevées, croisa et décroisa vingt fois, au moins, ses jambes, durant le chemin.

De retour chez lui, la première chose que ses regards errants aperçurent, ce fut, sur la table du salon, une vaste enveloppe carrée sur laquelle il put lire en gros caractères : « Communication urgente. »

L’ouvrir fut l’affaire d’une seconde. En voici le contenu :


Paris, ce 1er avril 1887.

ADMINISTRATION
des
POMPES FUNÈBRES
CABINET DU DIRECTEUR



Monsieur,

En vertu de l’arrêté ministériel, en date du 31 février 1887, nous nous faisons un devoir de vous aviser que, — pour l’exercice de l’année courante, — l’administration s’est adjoint un corps, dit d’inquiéteurs ou pleureurs, destinés à fonctionner au cours des inhumations dont nous est confié le cérémonial. Celle mesure, essentiellement moderne, s’imposait, à titre d’innovation tout humanitaire : elle a été prise sur les conclusions de la Faculté de physiologie, ratifiée par les praticiens légistes de Paris, et à nous signifiée en même date.

Au constat de l’endémique Névrose, en ascendance vers l’Hystérie, qui sévit actuellement sur nos popula-