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détourné ; c’est là le châtiment de leur vieil orgueil. Notre suprématie sur la terre est l’unique sanction d’une loi quelconque. Nul ne peut la contrôler, — car une conséquence ne peut révoquer son principe en doute ou en examen, — sous peine de cesser d’être, elle-même, une certitude ; et tout homme, esclave ou prince, ne peut nous reprocher notre nourriture qu’avec notre pain dans la bouche. Nous avons l’Autorité : nous la tenons de Dieu, et nous la garderons, entre nos mains profondes, jusqu’à la consommation des siècles. Et cela, malgré les menaces de l’avenir, les illusions de la Science, et toute l’infecte fumée du cerveau mortel, afin que la parole soit accomplie : Stat Crux diem volvitur orbis. Qu’on nous frappe, qu’on nous délaisse, qu’on nous oublie, qu’on nous haïsse, qu’on nous méprise, qu’on nous torture, qu’on nous tue, qu’importe ! Vanités que tout cela ! Rébellions stériles. Forts de notre conscience à jamais solide et introublée, nous serons de ceux que saint Ambroise appelle : « Candidatus martyrum exercitus ! » Enfin (et c’est ceci qui importe en cette heure effrayante), nous avons un Droit dont tout autre suppose la triple essence : ainsi le Fils est engendré du Père, et l’Esprit procède du Père et du Fils ! Et il n’est pas d’autre pensée initiale, sur la terre comme aux Cieux.