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au son des cloches, exaltent la gloire de la Nativité. Puis, sans enfants ! ces filles élues, — à la nouvelle d’un petit enfant roi des Anges venant de naître pour apaiser leur mystique tendresse, — que pourraient-elles entendre de la terre ?… Oh ! ces douces âmes, pour toujours vierges, ne se connaissent plus !
chœur, dans l’orgue, aux sons des cloches annonciatrices
Adeste, fideles !
Læti, triumphantes !
Venite in Bethleem !
L’Abbesse, avec un grand cri, pendant que les chants continuent et au milieu des Alleluia

Silence !… — Oh ! c’est horrible !

Le vieux Desservant s’enfuit, épouvanté, hors du sanctuaire.
le chœur, éperdu en cantiques d’allégresse, au son de l’orgue et des cloches
Natum videte, regem Angelorum ;
Deum infantem, pannis involutum !
Venite, adoremus Dominum !


Sœur Laudation frappe de sa coirre avec violence : les cantiques cessent tout-à-coup ; les grandes draperies de serge s’écartent, laissant voir l’église déserte, et, sous les lueurs des lampes-pensiles, entre les piliers, les chaises, les bancs, le portail fermé. Au fond, dans la tribune illuminée des orgues, les Sœurs-cantatrices, interdites, maintenant silencieuses.