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ont pris la mer, allant à la conquête du monde ? — Veux-tu vivre à Antioche, parmi les ruines ? — Là, des lierres suppliants arrêtent au passage le pèlerin ! — Mais, plutôt, envolons-nous, comme les alcyons, vers des horizons toujours bleus et calmes, à Corinthe, à Palerme, sous les portiques de Silistria ! — Viens ! nous passerons, en trirèmes, au-dessus de l’Atlantide ! — À moins que nous n’allions contempler, plutôt, les clartés nocturnes, sur la terre d’Idumée ? — Puis, aussi, le septentrion ! — Quel plaisir d’attacher nos patins d’acier sur les routes de la pâle Suède ! ou vers Christiania, dans les sentiers et les fjords éclatants des monts de la Norvège ! — Ne pouvons-nous, encore, aller vivre, perdus en un cottage couvert de neige, dans quelque village du Nord ? — Veux-tu voir les landes désolées du pays de Galles ? les parcs de Windsor, et de la brumeuse Londres ? Rome, la ville sombre des splendeurs ? — le frivole Paris illuminé ? — Comme il doit sembler étrange d’errer dans les rues bariolées de Nuremberg, la patiente ville de minuit ! — Veux-tu troubler le reflet des étoiles dans le golfe de Naples, ou dans les lagunes de Venise, en laissant aller au sillage de la gondole quelque étoffe merveilleuse de Smyrne ou de Bassora ? — Veux-tu voir, heureux ensemble en quelque helvétien chalet, l’aurore briller